Lina Guezi 16 ans Expo-Science Hydro-Québec 2021
Lauréate du Prix Centre des Jeunes Naturalistes
Il est bien connu que les traitements actuels contre le cancer sont très lourds à supporter pour la plupart des patients. Un traitement naturel à base de plantes pourrait réduire ces effets grâce à certains de leurs métabolites qui ont des effets anticancéreux.
Si vous voulez savoir de quoi il s’agit, continuez de lire!
Les asclépiades sont un genre de plantes connues pour être les plantes hôtes du papillon monarque. Ces plantes contiennent des constituants, les cardénolides, qui permettent de protéger ces plantes de ses prédateurs, mais aussi les chenilles du papillon monarque qui s’en nourrissent. Celles-ci devraient avoir des constituants anticancer.
Une cellule cancéreuse est une cellule transformée qui a subi des mutations génétiques qui vont surtout lui donner un avantage de croissance et beaucoup d’autres caractéristiques.
L’apoptose est le processus par lequel les cellules vont répondre à des signaux afin de déclencher leur propre destruction.
Des études récentes ont démontré que les effets cytotoxiques des cardénolides sont principalement dus à l’induction de l’apoptose des cellules cancéreuses, tout en épargnant les cellules saines.
Les cardénolides sont des métabolites secondaires des plantes c’est-à-dire qu’ils ne participent pas à la croissance ou au développement de la plante, mais ont pourtant une fonction indispensable comme la défense. Depuis longtemps, ceux-ci ont fait partie de certains médicaments pour traiter les insuffisances cardiaques et, maintenant, des scientifiques leur ont découvert des propriétés que l’on pourrait qualifier d’« anti-cancer ».
La pompe sodium-potassium est une enzyme qui se trouve sur toutes les cellules dans la membrane cytoplasmique. Son rôle est de réguler les ions sodium et potassium. À proximité, se trouve la pompe sodium-calcium (ou échangeur Na+/Ca2+) qui elle, régule les ions sodium et calcium.
En observant le schéma, on peut voir que ceux-ci vont bloquer la pompe Na+/K+. En bloquant celle-ci, les ions sodium ne peuvent plus sortir et il y aura une augmentation d’ions sodium. Cette augmentation va bloquer l’échangeur calcium qui lui, empêchera les ions calcium de sortir, ce qui causera une augmentation des ions calcium. Dans une cellule normale, cela augmentera sa contraction.
Il se trouve que les cardénolides d’une certaine plante font l’objet de tests pré-clinique car ils ont démontré une activité anticancéreuse. Il s’agit du Laurier-rose. Le laurier-rose est une plante de la même famille que les asclépiades et celle-ci a des cardénolides qui ont été utilisés dans le développement d’un médicament appelé Anvirzel. Ses cardénolides, notamment l’oléandrine, ont pour effet d’inhiber la pompe sodium-potassium qui déclenche l’apoptose.
Voici le mode d’action de l’Anvirzel. Celui-ci entraînera une augmentation d’ions calcium dans la cellule. Cette augmentation entraînera une cascade de signaux qui donneront l’ordre à la cellule de mourir.
Étant donné que le laurier-rose est de la même famille que les asclépiades, on peut supposer que ces plantes pourraient devenir l’objet de potentiels traitements contre le cancer.
En effet, des cardénolides de l’asclepias subulata ont induit l’apoptose dans des cellules cancéreuses. Aussi, l’asclepias curassavica a pu contourner la résistance multiple aux médicaments*. Des résultats prometteurs pour la recherche contre le cancer.
*La résistance multiple aux médicaments est un phénomène qui survient lorsque certaines cellules cancéreuses arrivent à s’adapter et par conséquent, survivre aux traitements. Celle-ci est due à la présence d’une famille de transporteurs qui pompent ces médicaments hors de la cellule cancéreuse.
Pour conclure, les cardénolides issus des plantes comme l’asclépiade ou le laurier-rose tuent les cellules cancéreuses tout en épargnant les cellules saines. Ainsi, développer des traitements à base de cardénolides ouvrira la voie pour de nouveaux traitements anticancéreux beaucoup plus doux que les chimiothérapies qui aideront les personnes malades à récupérer sans les nombreux effets secondaires que causent celles-ci.